N°7 - L'usine de chaussettes ne peut fonctionner en COMPTA ANALYTIQUE

Bonjour.

Aujourd'hui, je vais continuer la suite de notre histoire d'usine à chaussettes. Je prendrai donc encore comme références le livre Epiphanized: Integrating Theory of Constraints, Lean and Six Sigma (TLS) de Bob Sproull et Bruce Nelson (North River Press, 2012), et plus particulièrement le blog de Bob Sproull "focus and leverage".

Article de Bob Sproull nr 250

Dans les articles nr 4 et nr 5 nous avons pu constater comment notre directeur d'usine en utilisant le mauvais modèle de comptabilité pour prendre ses décisions financières et sur sa main d'oeuvre, a pu partir dans la direction contraire à celle recherchée en termes de profitabilité. Continuons donc notre parcours avec les explications de Bruce Nelson et en considérant d'autres facteurs comptables.


Le modèle à hauts rendements


Ce modèle de rendement, quand il est mesuré et appliqué au mauvais endroit du système (ici le système = l'entreprise de fabrication) peut avoir des effets dévastateurs sur vos résultats perçus. Le résultat final obtenu sera l'opposé de celui que vous espériez voir arriver. Je me demande pourquoi avec tous les progrès technologiques accomplis au fil du temps, pourquoi donc est-il encore acceptable d'utiliser des règles comptables du début des années 1900?...

Comptabilité Analytique = comptabilité des coûts (en anglais, Cost Accounting : C.A.)


La comptabilité analytique se concentre en premier lieu sur la réduction des coûts par pièce ou par unité. Et vu que la réduction des coûts est perçue si positivement, est-il étonnant que cela motive les entreprises à rechercher de hauts rendements?  Et pourtant, la réduction de coûts ne semble pas être la bonne réponse. De nombreuses sociétés à très hauts rendements ont été proches de la fermeture ou ont même dû fermer. Avez-vous entendu parler d'une société que les Économies seules auraient rendu prospère?  Réfléchissez à la question : toute économie que notre fabricant de chaussettes pensait avoir faite, était rapidement avalée par l'achat de plus en plus de matières premières. En fait, cela a fini par coûter bien plus cher à notre fabricant de chaussettes qu'il ne le réalisait et surtout cela ne lui économisait rien! Il suivait toutes les pratiques recommandées et pourtant il échouait - mais pourquoi?

De nombreuses d'entreprises vous diront avec empathie que leur premier but est de gagner de l'argent, et pourtant elles passent la plus grande partie de leur temps à essayer d'économiser de l'argent. Il semblerait qu'elles aient oublié au passage ce qu'était réellement leur but. La stratégie que l'on applique pour gagner plus d'argent est immensément différente de celle employée pour économiser de l'argent. La plupart des sociétés suppose que "économiser de l'argent" est équivalent à "gagner de l'argent" - c'est à dire que si vous arrivez à économiser de l'argent c'est comme si vous aviez gagné de l'argent. Cela est tout simplement FAUX! Ces deux concepts sont divergents dans leur logique - chacun vous emmène dans une direction différente avec des résultats différents. Si le véritable but d'une société est d'économiser de l'argent, alors la meilleure manière d'y arriver est tout simplement de fermer l'entreprise. C'est l'action qui vous permettra d'économiser le plus d'argent - plus aucun coût = le but est atteint!  Cependant, si le but de votre entreprise est de gagner de l'argent, alors une stratégie toute différente doit être appliquée - maximiser le "throughput" à travers le système [throughput que je noterai T ensuite, et qui signifie le flux d'argent qui rentre dans l'entreprise après déduction des coûts variables ~ la Marge Sur Coûts totalement Variables, que j'expliquerai plus en détails pour ceux qui en veulent] .

La comptabilité de Flux = Throughput Accounting en anglais (T.A.)


Supposons que nous considérions à nouveau la même entreprise de fabrication de chaussettes. Supposons que le fabricant de chaussettes veuille fabriquer trois fois plus de chaussettes qu'il n'en fabrique actuellement. Que doit-il faire pour cela?  si l'on utilise le système où la main d’œuvre est payée à l'unité alors il suffirait d'employer trois fois plus d'ouvriers pour fabriquer des chaussettes et les payer 1$ par paire. Donc afin de fabriquer trois fois plus de paires de chaussettes, les coûts de main d’œuvre doivent être augmentés - notre fabricant de chaussettes doit employer trois fois plus d'ouvriers.  Dans le monde où la main d’œuvre est payée à l'unité, pour faire passer trois plus de flux dans son système, cela va lui coûter trois fois plus en main d’œuvre. Maintenant supposons que notre fabricant de chaussettes paie ses ouvriers un salaire horaire (au lieu d'à la pièce) et qu'il trouve un moyen pour ses ouvriers de faire trois fois plus de paires de chaussettes par personne et par jour. En étant capable de produire trois fois plus, dans ce cas, de combien augmente ses coûts de main d’œuvre? Ils n'augmentent pas du tout! Ses coûts de main d’œuvre restent totalement identiques.  Il paie toujours ses ouvriers un salaire horaire qu'ils fabriquent une paire de chaussettes plutôt que dix. Il doit simplement payer ses employés une seule fois, et non pas basé sur le nombre de chaussettes produites. La seule augmentation en coûts pour l'entreprise est celle provenant de l'achat de plus de matières premières pour fabriquer plus de chaussettes. Alors pourquoi est-ce que notre comptabilité analytique moderne essaie encore (et toujours) d'allouer un coût de main d’œuvre unitaire à chaque produit fabriqué, et clame ensuite haut et fort qu'en augmentant les rendements (l'efficacité) ils baissent les coûts par pièce produite?  Cela n'est pas du tout ce que cela crée! Dans notre monde d'aujourd'hui, dans notre réalité, les coûts de main d’œuvre sont FIXES et non pas VARIABLES!

Il est probable que certaines de ces règles et méthodes de comptabilité analytique basée sur les coûts soient fausses et aient détourné ses utilisateurs de leur but en leur indiquant que certains résultats obtenus sont meilleurs qu'ils ne le sont en réalité.  Est-il possible qu'il existe une autre manière d'analyser logiquement les pratiques de la comptabilité qui pourrait réellement nous rapprocher de notre but?   Et s'il existait une autre méthode? Une voie qui fournisse une alternative à cette méthode de comptabilité qui nous permette de retirer, ou abandonner, ou ignorer ces règles de la comptabilité analytique qui créent autant de soucis? Dans mon prochain article, nous jetterons un œil plus détaillé à la comptabilité des flux.

Bob Sproull
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Qu'avons-nous appris aujourd'hui?


Que la comptabilité analytique utilise des règles anciennes appliquées à de nouvelles conditions: alors que les coûts de main d'oeuvre sont fixes, la C.A. essaie encore d'allouer des coûts de main d'oeuvre unitaire à chaque produit...nous faisant croire que le coût de main d'oeuvre unitaire associé à un produit baisse avec les rendements qui augmentent... Pourtant, à la fin du mois on paie la même choses pour les salaires! Alors, comment on fait pour améliorer cette situation?

On réfléchit ventes et plus précisément T (throughput) que l'on étudiera en détails dans l'article N°8.

A très vite,


ERIK 

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